SUSIE • greek myths.

Difficile de se rendre à l’évidence que tout pouvait prendre fin, ainsi du jour au lendemain, sans que personne ne puisse rien faire. Au final nous demeurons tous éphémère, un fait qui avait toujours suscité énormément de questions dans l’esprit de la petite Aldridge, qui du haut de ses onze années tergiversait beaucoup trop - au gout de son entourage et des autres. Ces derniers demeuraient évidement un véritable problème de socialisation pour elle, quand bien même elle feintait grandement leurs présences. Assise derrière son bureau de classe, crayon de papier dans la main droite, tête reposant sur son autre main, son esprit vagabondait encore dans son milieu imagé, un monde qu’elle c’était fabriqué elle-même, et qu’elle couchait sur papier en les dessinant. Toutes ces envies et son don raisonnaient autour de cet art coloré de couleurs bien que ces derniers temps, ses tons demeuraient sombres, grisonnant et froid. Elle entendait encore la voix douce et déterminée de sa mère qui s’écriait contre la voix tonitruante et grave de son père. Un père qui pour elle n’en portait que le titre. Des souvenirs bien trop lointains mais assez puissants pour qu’ils perdurent encore dans sa mémoire de gamine. « Susan ! Susan ?! ». Relevant son regard améthyste d’un geste instinctif vers son professeur, la jeune adolescente plus connu sous le diminutif de Susie, se mordit la lèvre inférieure et hocha tout doucement la tête en guise d’une compréhension entendue ; le tout sous le regard moqueur de ses « camarades » de classe. Susie replaça dès lors ses lunettes de vue sur le bout de son nez, puis baissa son visage sur ses cahiers pour fuir les expressions négatives et ironiques de ses voisins. La lourdeur de cette ambiance pris fin lorsque la sonnerie de l’après midi retentit, enfin un moyen de prendre de nouveau le large. Rangeant ses affaires rapidement dans son sac à dos, elle embarqua sous la main le livre que lui avait offert Nate lors de leur dernière ballade la semaine précédent. Un ouvrage sur les mythes et les légendes grecques. Elle savait que son père aurait un peu de retard pour venir la chercher alors rien de mieux pour s’occuper que d’occuper son esprit, de toute façon elle n’avait rien de mieux à faire puisqu’elle limitait ses envies de dessiner autour de l’école. Alors qu’elle s’installait sur les marches de la devanture de l’établissement scolaire pour s’adonnait à sa lecture personnelle, une voix acerbe et coutumière vint la distraire de son activité. « Alors l’extraterrestre ? On est de nouveau de toute seule on dirait ? ». Poursuivant son acte de la feindre le plus possible, la gosse se concentra sur les écrits du bouquin. Quelques minutes plus tard, ce fut une autre comparse qui lui saisit son livre. Désormais, elles étaient plusieurs autour de sa personne. Une situation qu’elle connaissait de plus en plus au fur et à mesure du temps. « Rend moi tout de suite Maddie ! ». La grande perche la mima d’un air je m’en foutiste, ce qui agaçait davantage Susie. Cette dernière se leva derechef pour récupérer son bien lorsque par un geste prémédité elle retrouva par terre de tout son long. « Oh je suis désolée l’extraterrestre ! Pardon pour se croche patte ! ». Balivernes, elle n’en pensait pas un strictement. Cette Lucie ne changerait donc jamais ! La dénommée Lucie Lewis s’avança avec une assurance démesurée vers elle et pris un malin plaisir à lui écraser ses lunettes de vue sur le sol. « Tu auras l’air beaucoup plus bête sans tes lunettes ma pauvre ! ». Se redressant sur ses genoux, Susie ramassa ce qui restait de ses lunettes tandis que l’autre fillette jetait son bouquin un peu plus loin. Une seconde plus tard, la bande fille s’éloignait dans des rires forcés. Susie soupira mais aucunes larmes ne coulaient sur ses joues de porcelaine. Elle inventerait autres choses à dire a ses parents, comme à son frangin d’ailleurs pour l ‘état du livre.

Joueuse parmi tant d’autrefois, Susie avait pour habitude de toujours passer beaucoup de ton temps avec son frangin. Un temps qu’elle appréciait parce qu’il l’était bien l’un des seuls à ne pas la prendre pour une rêveuse idiote, ou encore une gamine qui dessinait trop ainsi qu’asocial pour son jeune âge. Il l’encourageait de son mieux et Susan ne le remerciait jamais assez pour cela. « Susie, tu comptes poursuivre ce dessin un jour ? ». L’interpella sa mère alors qu’elle mettait sa dernière chaussure. Elle savait de quoi parlait sa mère, mais elle n’avait plus vraiment envie de dessiner ces derniers temps ; d’autant plus que son idée se pouvait de ne pas être bien vue de la part de son lien fraternel. Se redressant derechef, Susan s’avança dans la cuisine et s’appuya contre l’encadrement de la porte. « Je ne pense pas que cela soit une bonne idée. C’est vrai, ce n’est pas une idée de cadeau pour l’anniversaire de Nate. Je trouverais autre chose à lui faire. ». Sa mère soupira d’un air mécontent. Elle était déçu de la nonchalance continuelle de sa cadette qui ces derniers temps laissés tout tomber pour ne jamais finir ce qu’elle avait commencée. « Je suis certaine qu’il aurait apprécié ma chérie. ». Rassemblant ses cheveux derrière un bandeau noir, la petite brune aux reflets d’écorce, secoua la tête et s’aventura un peu plus dans la pièce qu’occupait sa mère. A première vue s amère s’apprêtait à faire des pâtisseries. « Dis maman, pourquoi faire autant de gâteaux ?! ». Un bon moyen de changer de conversation pour le moment, mais qui ne tarderait pas à revenir selon elle. « Des amis de longues date doivent passer un peu plus tard dans l’après midi, mais je suppose que tu ne seras pas là ?! D’ailleurs on en parlant de ça, que peut bien faire Nate ? ». Derechef, la douce se mit à rire d’un air amusé. Elle se souvient encore de l’appel qu’elle avait dut passer à son frère pour qu’il se réveille et passe la chercher. Susan savait très bien qu’il n’oubliait jamais la journée en fin de semaine, mais c’était une habitude qui demeurait coutumière de temps en temps. Quelques secondes plus tard, une porte claqua et la venue de l’ainé de la famille se fit entendre. « On parlait de moi ? ». Susie sourit en toisant les deux membres de sa famille, tandis que Nate saluait leur mère. Une occasion de piquer un biscuit certainement aussi.

« Je peux te poser une question ? ». La demande de sa sœur ne semblait plus vraiment surprendre l’étudiant, alors qu’il marchait dans le parc verdoyant de la ville de Vancouver. « Bien sur, qu’est ce qui ne va pas ? ». Susie releva la tête droit devant elle et fixa au loin les autres gamins jouer sur les jeux. « Enfin c’est pas tellement une question mais plutôt quelques choses à dire. Tu trouves que je suis bizarre ? Je veux dire par là … Je ne suis pas comme tout le monde. ». Esquissant une œillade vers le visage de son frère, la gamine exprima une légère grimace comme si elle était perdue. « Pourquoi penses tu que tu es bizarre ? Ça n’a aucun sens. ». Lui raconter tout ce qui n’allait pas dans sa tête serait certainement l’embêtait un peu plus, et lui confier beaucoup de choses serait trop en dire sur le sujet. « Non c’est juste que je suis souvent dans la lune, un peu ailleurs quoi. ». Nate sourit comme à son habitude, ils continuèrent de marcher le long du parc. « Et alors, tu es comme tu es Susie ! Tu ne vas pas changer pour les autres si ? ». D’un geste négatif sa cadette approuva ses paroles, bien que le doute subsistait encore. Elle rigola à son tour et profita de la journée avec son frangin comme à son habitude. Avec une pensée en tête à ce moment précis. Comment était l’entente entre Jon et Nate à la même époque. Une interrogation qu’elle ne pourra jamais savoir.